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Article publié dans la revue " Trait d'Union " de novembre 2012. Cette revue est le journal semestriel de l'association IFYLCE à laquelle j'adhère en tant que professeur de yoga. (voir rubrique YOGA)
Le yoga et la naturopathie pour libérer son souffle de vie.
Pratiquant et accompagnant des personnes dans ces deux disciplines, il m'apparaît clairement des similitudes de points de vue entre elles et la possibilité d'un enrichissement réciproque à associer les deux. Leur finalité est bien entendu différente : La naturopathie affiche son intention de maintenir ou retrouver un état de santé globale, le yoga est beaucoup plus vaste et propose une voie de transformation vers la clarté, la liberté. Sur ce chemin, un certain nombre de préceptes et de pratiques vont toucher notre état de santé.
C'est sur le texte traditionnel du yoga " YOGA SUTRAS de PATANJALI " que je vais m'appuyer pour dégager ces similitudes et voir en quoi cela touche notre " souffle de vie ".
La notion de SAUCA
Située dans le 2ème chapitre (sutra 32), cette notion fait partie des NI YAMA : ce qui régule la relation à soi. Il vient de la racine sanscrite SUC qui signifie faire briller, entretenir, prendre soin et est traduit par propreté, pureté, respect, considération (que l'on a pour son corps dans toutes ses dimensions). Concrètement, cela passe par le respect des besoins fondamentaux (repos, mouvement, nourriture, relation ) et ce n'est surement pas au service d'un corps qui serait idéalisé, adulé, (comme un mannequin) ; en fait, cette action n'est pas une fin en soi
C'est par les résultats (les fruits) qui sont obtenus (sutras II40 et 41) que l'on peut mieux comprendre ce sutra : * SAUCA apporte une distanciation par rapport au corps de chair. Il donne une conscience des 2 natures qui nous constituent:
- le principe de conscience CIT (encore nommé " habitant de la cité " ou " le témoin, cela qui voit ",ou bien " source de vie ou de lumière "). Cette partie de nous est éternelle et permanente.
- Le corps " matière " qui appartient à la PRAKRITI (le monde manifesté) et donc change constamment, se dégrade, est limité dans le temps et demande des soins appropriés. Ainsi, le corps est un habitacle, un temple pour quelque chose de plus intérieur, de plus profond, d'une autre nature et il est question de prendre soin de cet habitacle au service de son " hôte ". Il est comme une maison dans laquelle il y a un joyau à découvrir. Si la maison est très encombrée, en désordre, il sera plus difficile d'accéder au joyau. * SAUCA apporte aussi des qualités au corps mental (MANAS) qui fait également partie de " la matière, la substance ": celui-ci devient clair, lumineux, heureux, orienté, stable (ne se laissant pas disperser par les organes sensoriels) et permet de laisser affleurer ce qui est profond, essentiel, permanent, ce qui est source de Vie.
La pratique des
postures et le travail avec le souffle permettent d'aller vers cette qualité
de pureté. Le souffle est souvent décrit comme le vecteur,
le reflet, le messager de PURUSA. Il vient se réalimenter à
la source et fait circuler la Vie en nous.
Le kriyâ yoga ou yoga de l'action purificatrice est la 1ère proposition du 2ème chapitre (sutra 1). C'est un travail préparatoire, une étape préliminaire pour s'engager dans le voyage qui conduit le mental instable, agité vers la stabilité et la clarté. Il est constitué de 3 facettes indissociables : TAPAS, SVADHYAYA , ISVARAPRANIDHANA qui font partie également des NI YAMA, relation à soi.
TAPAS vient de la racine sanscrite TAP qui signifie chauffer, produire de la chaleur. C'est un processus de purification, d'élimination des impuretés qui concerne les corps physique, sensoriel, mental, émotionnel étroitement imbriqués. Il représente l'effort, la discipline, l'ascèse que l'on met en place, le " sérieux " avec lequel on considère ce support (le yoga) que l'on a choisi. TAPAS s'applique à la pratique des postures (ASANA) et des respirations (PRANAYAMA) : c'est parfois l'effort physique dans la posture, mais c'est aussi l'effort de présence, de vigilance, l'effort pour aller dans des sensations subtiles. TAPAS s'applique également à tous les aspects de la vie quotidienne qui sont concernés par ce processus d'élimination et de purification : la façon de s'alimenter, l'hygiène de vie. La pratique du yoga ne va pas sans une alimentation saine et appropriée, respectant les besoins et l a constitution de la personne. Cette ascèse ne doit en aucun cas conduire à des pratiques excessives risquant d'affaiblir ou blesser le corps. SVADHYAYA est traduit par réflexion sur soi, connaissance de soi, aller " proche de soi ". C'est l'observation de ses réactions et comportements, la compréhension qui en résulte et permet d'ajuster son action et de faire des choix plus libres. Cela représente dans la tradition du yoga, l'étude de textes sacrés qui trouvent des échos en nous mais aussi, à l'heure actuelle, toutes formes de " miroirs " qui peuvent nous éclairer : professeur, thérapeute par exemple. Cela donne lucidité sur soi, discernement, connaissance de sa mission propre " svadharma "
ISVARA PRANIDHANA ou " se laisser porter par ce qui est plus grand que nous ". C'est une démarche de confiance, d'abandon. C'est accepter ce qui nous dépasse, accepter de ne pas être maitres de tout et en particulier des résultats de nos actions.
En résumé : L'action juste (SVADHYAYA) , conduite avec ardeur et sérieux (TAPAS) et basée sur la confiance et l'acceptation des résultats quels qu'ils soient (ISVARA PRANIDHANA) .
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